Elements Constitutifs
shirakawasuna 白川砂 (litt. "sable de la rivière blanche")
Sans doute l'élément constitutif emblématique du karesansui. Il faut entendre par "sable", des gravillons de granit d'un diamètre compris entre 2 et 15 mm. Mais d'autres granulosités sont employées également, tout est question d'échelle et d'harmonie. Bien qu'il n' y ait pas de règle précise, on constatera que plus un lieu est petit, plus le diamètre des gravillons utilisés sera faible.
Le fait de recouvrir un espace de pierres, galets ou graviers de couleur blanche est une pratique issue de rites shintô anciens : ces espaces (yuniwa 斎庭), ainsi "purifiés", étaient réservés aux kami (les divinités). Ce n'est qu'au XVe siècle que l'on utilisa cette technique comme représentation de plans d'eau dans les jardins secs, pour imager le concept zen de vacuité totale (mu 無). C'est ce concept, qui tend vers une certaine forme d'abstraction, qui a sûrement fait germer dans l'esprit des moines-jardiniers de l'époque, l'idée d'utiliser du gravier pour aménager des zones "négatives" dans les jardins. Il est très important que ce "sable" reste d'une propreté absolue, hors la Nature a horreur du vide et du lisse : sans intervention de l'homme, mousses, mauvaises herbes, et autres déchets naturels, viendraient coloniser et souiller ces étendues vierges. C'est pourquoi une maintenance journalière est toujours effectuée dans les karesansui des monastères zen : le "sable" est balayé, puis ratissé selon des motifs bien précis (samon 砂紋). L'exécution parfaite de ces tracés monopôlise totalement le corps et l'esprit du "moine-jardinier" et nécessite une très grande concentration, c'est pourquoi cette pratique est considérée comme de la méditation en action (selon certains experts, 3 ans sont nécessaires avant de pouvoir parfaitement réaliser les tracés).
Le "sable" avec le temps se patine et perd de son éclat. Le fait de le ratisser ralentit le processus, sans toutefois l'empêcher totalement : on doit alors remettre régulièrement une couche "fraîche" sur le dessus. Ce qui permet de donner une explication (c'est du moins, une hypothèse avancée par certains historiens) aux monticules de "sable" que l'on trouve parfois dans certains jardins secs : ces derniers constitueraient une réserve de sable "neuf" à disposition des moines. Celui se trouvant au Ginkaku-ji est sans doute le plus célèbre du Japon, puisque dit-on, il a la forme du Mont Fuji, mais on en trouve aussi de forme conique, au Daisen-in, ou au Daitoku-ji-ji, par exemple.
Enfin, bien que le chirakawasuna, soit le type de "sable" emblématique des jardins secs, il en existe d'autres de couleurs différentes selon le type de géologie du lieu de production, comme : sabijari さび砂利, sakuragawasuna 桜川砂, isejari 伊勢砂利, etc. Dans certain cas, il est même totalement absent de la composition. C'est alors la mousse qui le remplace.
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