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111119 : samedi 19 novembre. Takamatsu
C'est sous une pluie battante que nous arrivons avec Chujo sensei au Higurashitei, un des pavillons de thé ouvert spécialement pour le chakai organisé par la fondation Chujo. Une bonne partie des membres de l'école de la fondation est présent et déjà sur le pont, s'affairant dans le grand mizuya (salle de préparation) du pavillon.
Dans quelques dizaines de minutes, les premiers invités du premier chakai seront là. Problème, Kitamura sensei qui devait assurer une grande partie des temae de la journée se voit dans l'obligation de quitter le navire suite à un problème familial. Chujo sensei me demande si je veux être le teishu (l'hôte, celui qui prépare le thé) du premier temae ! Je suis mort de trouille, j'ai pris froid (mal au crâne et nez bien pris), mais bien entendu, je ne peux répondre non, c'est une occasion que je ne peux laisser filer : conduire un temae dans un chashitsu peu accessible au public, dans l'un des jardins les plus célèbres du Japon... franchement, comment aurais-je pu dire non ?
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Pendant que l'on finit de confectionner le chabana (arrangement floral) dans le tokonoma (alcôve) du yojôhan (chashitsu de 4,5 tatami), on m'explique rapidement comment les choses vont se passer. Pas le temps de répéter, les premiers invités ne vont pas tarder à arriver. Je réalise que je n'ai jamais conduit de temae dans ce genre d'environnement... coup de stress... Je me positionne en seiza près du ro (foyer enterré) et tente de retrouver un peu mes marques... j'essaie de me rassurer en me disant que tout se passera bien, que je connais bien mon temae... Les invités commencent à arriver. Je me retire dans le petit mizuya attenant à la salle de thé. J'entends, mais ne vois pas les invités entrer et prendre place : ça parle anglais. Je respire... avec un peu de chance je n'aurai pas d'invités japonais. Avec la convention des bonsai de Takamatsu, dont une partie se passe au sein du parc, beaucoup d'étrangers sont en ce moment en ville.
On me donne le signal de départ. J'ouvre le sadôguchi (porte de l'hôte) et prend un premier contact visuel avec mes invités. Pas de japonais ! Cela m'a mis un peu plus en confiance et j'ai fait ce que j'avais à faire. Quelques petites erreurs, mais elles sont passées inaperçues car mes invités étaient tous des novices. J'ai trouvé cette expérience très enrichissante. C'est un très bon entraînement pour travailler son self-control. Mais n'étant pas satisfait de cette première prestation, j'ai demandé s'il me serait possible de recommencer. Chujo sensei m'a confié un autre temae, ainsi que le dernier de la journée... le second fût beaucoup mieux, j'étais plus en confiance. Le troisième, presque bien et j'ai même réussi à me détendre complètement et à vivre mon temae pleinement, même si j'ai eu à préparer le thé pour des japonais les deux fois suivantes.
Cette journée s'est déroulée comme dans un rêve. J'ai vécu un jour inoubliable et je suis infiniment reconnaissant à Chujo sensei de m'avoir permis de réaliser cela.
Pour voir les photos de mes temae, merci de consulter le site de Nikosan.
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Le second teishu pendant la séance d'entrainement (que je n'ai pas eu le temps d'avoir).
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Dans le petit mizuya, l'ambiance est décontractée juste avant l'arrivée des invités.
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Toujours dans le petit mizuya. Tout est prêt. J'ai placé le premier bol, un kuroraku (raku noir) avec un superbe motif de carpe (qui n'est pas sur la photo) près du sadôguchi.
J'ai demandé à Nicolas la permission d'utiliser le chashaku (écope à thé) qu'il a sculpté dans un susudake il y a 3 jours. J'espère en l'utilisant, lui transmettre de "bonnes ondes".
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La pluie tombe toujours. Les visiteurs du parc passent dans l'allée devant le pavillon et s'arrêtent pour observer ces gaijins (étrangers) qui sont en kimono et qui ont le privilège d'être à un endroit auquel eux ne peuvent accéder... un comble tout de même, non ? |
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Dans le grand mizuya, on ne chôme pas non plus. Afin d'éviter que les temae ne soient trop long, le teishu ne prépare que les 3 premiers bols. Les bols suivants sont préparés dans le mizuya et apportés dans le chashitsu.
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Entre chaque temae, il faut remettre du sumi (charbon) dans le ro, remplir le chagama (bouilloire) d'eau et nettoyer les tatami. A chacune de ces pauses, c'est au moins 6 personnes qui sont sollicitées par ces tâches. L'ensemble est réglé comme du papier à musique.
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Je prépare le thé dans un magnifique endroit. Les choji (parois en papier) sont grands ouverts. Depuis ma place je vois le jardin. Il pleut...
Taoka sensei me dit : "Vous avez beaucoup de chance d'être là. En plus il pleut, c'est parfait !"
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Pause déjeuner dans le chashitsu. De façon bien ordonné, nous nous rangeons le long des murs. On nous apporte des bentô.
On discute, mais tout le monde reste concentré. La journée est loin d'être terminée.
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Julia, Nicolas et Taoka sensei à la fin du déjeuner.
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Ozaki san pendant l'avant dernier temae. Je n'aurai pas eu le bonheur de lui préparer le thé cette fois-ci. J'espère avoir l'occasion de le faire prochainement... peut être au sein de Chisôan...
Je remercie vraiment du plus profond de mon coeur Chujo sensei et Ozaki san pour cette journée extraordinaire (encore une de plus). Comme je l'ai dit, tout s'est passé comme dans un rêve.
Mes invités m'ont assuré avoir passé un bon moment. Si je ne suis pas totalement satisfait de mes prestations, j'ai au moins la satisfaction d'avoir contribuer à faire en sorte que ce moment de thé soit agréable pour tous.
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(photo : Nikosan)
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Chûjo sensei attentif à mon temae...
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(photo : Nikosan)
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Préparatifs dans le mizuya : pliage du chakin. |
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(photo : Nikosan)
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Un chasen dans une main certes, mais l'appareil photo dans l'autre !
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