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111118 : vendredi 18 novembre. Takamatsu

shijin

Chujo sensei sera encore aujourd'hui notre accompagnateur pour la journée. Nous sommes vraiment des privilégiés. Nous devons rejoindre un professeur d'architecture spécialisé dans le style sukiya (style "rustique" des chashitsu) qui est en visite dans un chashitsu d'un particulier pour faire des relevés et des photos en vue de la réalisation d'un ouvrage sur les chashitsu de Takamatsu. Cet ouvrage sera financé par la fondation Chujo, j'ai réservé mon exemplaire !

Nous nous garons sur un parking et empruntons une minuscule ruelle (je ne suis pas même certain que ce soit le bon qualificatif tant le passage est étroit) et accédons après quelques coudes au petit jardin qui comporte de grands arbres masquant partiellement la façade du sukiya. Les propriétaires sont un couple de personnes âgées. Le roji (jardin) n'est pas entretenu comme il le faudrait, mais son agencement est très intéressant. Sur peu de mètres carrés, pas loin de 7 ishidôro (lampes en granit) sont disposés aux endroits "stratégiques".

 

 

 

 

 

 


 

 

 

Le sukiya possède plusieurs chashitsu (salle de thé) dont le principal est un yojôhan, soit une salle d'une superficie de 4,5 tatami. On peut classer les chashitsu en fonction de leur superficie en 2 catégories : grande salle (hiroma) ou petite (koma). Le type yojôhan fait la jonction entre ces 2 groupes, d'une certaine manière on peut dire que c'est la surface parfaite pour chanoyu, ou en tout cas, la plus polyvalente. Le bâtiment est plutôt bien conservé au vue du peu de moyens financiers dont disposent les propriétaires. Bien entendu, aucune aide ne leur est accordée...

Takamatsu possédait avant la guerre de nombreux chashitsu privés, mais les bombardements et incendies ont ravagé la presque totalité de ces fragiles bâtiments de thé. Nous apprenons que celle que nous visitons aujourd'hui ne doit son salut que par sa position excentrée par rapport au centre ville de Takamatsu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

Deux autres pièces de thé se trouvent en enfilade du yojôan. L'une d'elles est un nijôdaime (2 tatami, plus un tatami plus court que l'on appelle "daime"). J'aime vraiment ce volume. Bien que la disposition des tatami ne soit pas la même, cette salle me fait penser au Shōkō-ken du Kotoin à Kyôto. Il n' y a pas vraiment de comparaison possible, mais en termes de volume et d'espace, j'y trouve quelques similitudes. Mon prochain chashitsu sera de cette taille, si jamais j'ai l'occasion de me lancer dans un projet de ce type à nouveau (ce que j'espère).

Chisôan (ma cabane à thé) est loin d'être parfaite, et comporte tout un tas de défauts que je souhaiterais "corriger" au travers d'un nouveau projet. Le fait est aussi que depuis que je me suis inscrit dans la tradition de thé de Sôhen ryû Shoden-an (Tôkyo), la position sumiro (ro, foyer enterré, placé dans le coin supérieur gauche du tatami de l'hôte) de mon sôan, n'est pas la mieux adaptée aux temae de l'école. Bien entendu, il est toujours possible de s'adapter à n'importe quelle disposition de tatami/ro mais, si c'était à refaire aujourd'hui, je choisirais une toute autre disposition.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

Retour au yojôhan le nijiriguchi, l'entrée basse du chashitsu.

 

 

 

 

 

 


 

 

 

Entre le yojôhan et le nijôdaime, un minuscule chashitsu de 2 tatami (nijô) sans tokonoma (donc un espace encore plus petit que chez moi). Par contre le plafond est démesurément haut.


Dans un coin de la pièce, une fenêtre ronde (marumado) occultée par un kakeshoji (shoji suspendu). Juste sur la gauche, à la même hauteur, une planchette de bois comportant le kanji stylisé du mot "Lune".

Dispositif amusant : le concepteur de ce chashitsu devait avoir un bon sens de l'humour et de l'esprit.

 

 

 

 

 

 


 

 

 

Vers 11h, nous nous sommes rendus au Honnenji, un temple bouddhiste dans lequel Chujo sensei tenait à nous montrer des statues en bois, sculptées par des artisans de Kyôto à une époque où la fabrication de telles représentations sacrées était réglementée. Ces artistes, n'ayant plus la possibilité de produire (question de quota), se sont "expatriés" à Takamatsu pour pouvoir continuer à travailler. Les photos des statues étant interdites, je vous laisse apprécier le bâtiment vu de l'extérieur.

 

 


 

 

 

Détail d'un fusuma (porte/cloison légère en papier) comportant une impression du mon (armoiries) du plus important clan de la région à l'époque féodale : les Matsudaira.


A noter, la similitude avec le mon de Tokugawa Ieyasu (le fameux shôgun qui instaura la paix dans le pays au début du XVIIe siècle). cela s'explique par le fait que les Matsudaira était une branche familiale proche des Tokugawa.

 

 

 


 

 

 

 

Après un bon bol de udon (pour changer), nous reprenons la route pour nous rendre au Parc Ritsurin. Nous allons aider Chujo sensei et son équipe dans les préparatifs du chakai qui aura lieu le lendemain. En effet, vous n'êtes pas sans savoir que Takamatsu accueille une convention importante de bonsaika (voir les sites Guillaume et Jérôme à ce sujet), Chujo sensei a eu l'idée d'organiser des chakai pour les visiteurs de cet évènement.

Chose inespérée pour ma part, les chakai se dérouleront dans un des 4 pavillons du Parc, le Higurashitei. L'année dernière, je n'avais pu visiter que le bâtiment central (Kikugetsutei), qui fait office de "salon de thé". Il suffit de s'offrir un bol de matcha pour pouvoir accéder au bâtiment. Les 3 autres pavillons ne sont accessibles au public que le week-end et ce pendant quelques heures seulement. Non seulement nous allons avoir le privilège de rentrer à l'intérieur du Higurashitei, mais en plus, nous allons participer aux chakai.

 

 

 


 

 

 

 

Le matériel que nous avons apporté est déballé et installé. ici le chagama (bouilloire) attend que le ro (foyer enterré) soit préparé. Pour cela, il faut nettoyer et ré-oxygéner et remettre en forme les cendres qui se trouvent dans le fond de cette cavité, ajuster la position du gotoku (trépied pour poser le chagama), puis placer le robuchi (cadre qui vient masquer la tranche disgracieuse des tatami qui entoure le rodan, la partie contenant les cendres).

 

 

 


 

 

 

 

Le sumi (charbon) sera ensuite placé sur le lit de cendres. Le positionnement des différents morceaux de sumi est codifié. Le charbon doit brûler un certain temps et à une certaine température. Pour maîtriser ces paramètres, les sensei de thé ont au fil des siècles standardisé plusieurs morceaux de charbon. Voilà pourquoi il faut toujours être à l'heure lorsque l'on est invité à un chanoyu, cette dernière étant déterminée en fonction du moment où les charbons seront allumés.

 

 

 


 

 

 

 

L'intérieur du yojôhan où les temae (procédure d'élaboration d'un bol de thé) auront lieu.

 

 

 


 

 

 

 

Chujo sensei et Kitamura sensei, qui doit conduire les temae demain, discutent du choix du kôgo (boîte à encens) qui sera placé dans le tokonoma.

 

 

 


 

 

 

 

Cet autre chashitsu fera office de vestiaire. Nous nous y changerons.

 

 

 


 

 

 

 

La nuit commence à tomber tout est prêt. Nous serons des gyaku demain (invités), mais Chujo sensei me demande si je ne voudrais pas faire un temae... que pouvais-je espérer de mieux ? Je suis aux anges.

 

 


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