111122 : mardi 22 novembre. Marugame

Ce matin, nous repartons pour Marugame, chez Akiyama sensei. Lorsque nous arrivons, son équipe et lui même sont en train de fendre du bois. Depuis notre dernier passage, le four est alimenté en buches jour et nuit et il va l'être pendant quelques jours encore ! J'ai du mal à imaginer le nombre de stères de bois que le four doit avaler par 24 heures... ainsi parmi les morceaux de bois on reconnait parfois un morceau provenant d'une ossature de vieille maison détruite récemment, un morceau de porte, etc.

Le "monstre" semble dormir doucement, mais il dégage une forte chaleur et de la fumée, ce qui n'arrange pas mes problèmes de bronches... mais tout va bien, je vous rassure.

Sur le côté, encore du bois, qui bientôt sera avalé par la gueule béante du géant mesurant une bonne dizaine de mètres de long.

En attendant que la température du four s'élève (à 1200°C environ), il faut tuer le temps... Si tu ne bois pas de sake, tu ne peux pas être potier !

Il n'empêche, qu' un bon coup de sake, ben je dois reconnaitre que ça calme plutôt bien la toux !
:-)

Et on remet du bois....

Puis nous sommes invités à monter à l'étage, là où se trouve l'atelier du sensei. Nous nous remettons autour des tables de travail. La mission du jour : pots à bonsaï pour Guillaume et Jérôme ; et pour Julia, Taoki sensei (qui nous accompagne), Nicolas et moi, des chawan (bols à thé). Nous avons utilisé la même technique que l'autre jour, à savoir le colombin.

D'ici quelques temps, nos "oeuvres" seront cuites et le sensei nous a confirmé qu'elles nous seraient expédiées en France. Sur les étagères tout autour de nous, un incroyable bric à brac s'entasse. Il y a de tout : des outils, des céramiques finies, des canettes de bières, des vases avec des fleurs mortes... j'adore cet endroit !

La partie "cuisine" de l'atelier. En photo, le sensei coupe du bois... encore, encore et encore...

Le tour que le sensei m'a laissé utiliser. Chose marrante : tout au Japon marche à l'envers. Le sens de rotation du tour ne fait pas exception.

( Ulla, si tu lis ceci, le sensei m'a dit que je devais avoir un bon professeur ! )
:-)

(photo : Nikosan)

Une petite tasse... tournée à l'envers !

Dehors le ciel est bleu.
Le soleil fait briller les tuiles du toit de la maison du maître.

Profitant des dernières heures de jour, nous sommes mis à contribution pour fendre du bois... encore, encore et encore…

En fin de journée, Akiyama sensei décide de retirer quelques pièces pour juger de leur état. Il se jette littéralement dans la gueule du loup, seulement équipé d'un masque et de gants, il manipule une longue barre à mine avec laquelle il extrait les pièces des entrailles brûlantes du four.

Un de ses assistants récupère une tasse incandescente à l'aide de pinces. Nous sommes à au moins 4 mètres du four et la chaleur est intense... j'imagine ce que doivent endurer les deux hommes...

A la fin de la manipulation, la barre à mine est aussi rouge que les pièces retirées, et pourtant quelques minutes seulement ont été nécessaires pour l'extraction.

Nous avons été de nouveau accueillis comme des rois (même si on nous a fait couper du bois… encore, encore et encore…), un banquet est venu clôturer cette belle journée. Nous avons eu droit à un sashimi (chair cru de poisson) de première fraîcheur, puisque le poisson en question (une sorte de bonite) a été découpé devant nous. Un poulpe a lui aussi été sacrifié pour remplir nos estomacs déjà régalés de nabe de tofu (tofu en bouillon), de patates douces cuites aux braises, de boulettes de riz, etc, etc. Royal...

Merci chaleureusement à Akiyama sensei et à toute son équipe pour tout ce qu'ils ont fait pour nous. Sous ses airs bourrus de vieux maître toujours un peu imbibé de sake, il est facile en passant une journée à ses côtés, de deviner le grand coeur qui se cache au fond de l'homme. Merci, merci et encore merci...

Ah oui, j'allais oublier une chose : hier soir j'ai expérimenté une nouveauté au Japon, un truc que je n'avais encore jamais fait, ou plutôt subi.... Vers 18h30, nous avons ressenti de légères secousses, suffisantes pour tout faire vibrer autour de nous. Mais le temps de réaliser que c'était un tremblement de terre, le phénomène s'était déjà arrêté.