Elements Constitutifs
- tobi-ishi 飛石 (litt. "pierres volantes")
Eléments fondamentaux du jardin du thé puisqu'elles constituent le roji. Les pierres sont disposées de façon à véritablement "guider" la personne qui les emprunte, c'est pourquoi on les appelle aussi nori-no-ishi 乗の石 (nori = conduire, embarquer) . Avant Sen no Rikyû (1522–1591) (qui codifia l'art du thé dans son ensemble, ce qui inclut le jardin), ces pierres avaient avant tout un aspect pratique : elles permettaient de déambuler dans le jardin sans se salir (Il est en effet coutume de visiter un jardin après une pluie, c'est à ce moment là que les couleurs sont les plus contrastées, la mousse bien verte, les odeurs les plus intenses, etc. Le sol peut donc être détrempé et boueux). Sen no Rikyû va transcender l'art de disposer ces pierres, en introduisant des aspects esthétique, spacial et temporel. Les pierres sont choisies avec minutie, leur forme, leur couleur, leur taille et leur disposition doivent être harmonieuse. Dans la région de Kyôto (ville où se trouvent les 3 principales écoles de thé) , on utilise essentiellement des pierres récoltées près du Mont Kurama ou le long de la rivière Kamo (kurama-ishi 鞍馬石 et kamogawa-ishi 賀茂川石).
La disposition des pierres du roji peut être réalisée de diverses manières (ligne droite, zig-zag, par groupe d'un nombre de pierres précis, etc.) et s'inscrire dans une des trois formes "classiques" qui régissent l'ensemble du jardin (formelle, semi-formelle ou informelle : shin, gyô, sô 真, 行, 草, concepts hérités de la calligraphie, qui se traduisent par l'utilisation d'éléments ou de motifs "non-bruts" (shin), "bruts" (sô) ou un mélange des deux (gyô) ). L'ensemble de ces différents aspects est fait pour influencer le pas du visiteur : plus une pierre offrira une surface de petite taille, plus elle le forcera à faire attention à l'endroit où il pose ses pieds et donc à ralentir le rythme de sa marche (l'empêchant par la même occasion de regarder ce qui se passe autour de lui). Inversement si l'on veut lui faire lever les yeux (et donc le faire aller plus vite) ou lui faire marquer un arrêt, on placera une à plusieurs pierres très larges (comme une base d'un pilier d'un ancien temple par exemple : garan-ishi 伽藍石, littt. "pierre de temple"). On trouve également ce type de pierres larges à des embranchements sur le roji, on les appelle alors fumiwake-ishi 踏分石 (litt. "pierre de division de chemin"). Ainsi, le visiteur est totalement "pris en charge" par l'ensemble de ces pierres , qui vont le conduire jusqu'au terme précis de son "voyage" : le pavillon de thé.
- nobedan 延段
Autre méthode de pavement en pierres naturelles. De forme rectangulaire étroit et long, il est composé de nombreuses pierres de tailles variées. L'assemblage peut se faire avec des petites pierres rondes (tamaishijiki 玉石敷), des pierres taillées (kiriishijiki 切石敷), des pierres mélangées (yoseishijiki 寄石敷) incluant des rondes, des taillées, et parfois des tobiishi. Enfin, un mélange de ces 3 techniques est également possible. Chaque assemblage est classifié selon la même méthode que ci-dessus (shin, gyô, sô). On trouve souvent un nobedan près du chûmon (porte médiane), c'est en effet à cet endroit que l'hôte accueille ses invités, le nobedan permettait donc le "stationnement" de 4 personnes au seuil du chûmon (5 étant le nombre maximum pour une cérémonie du thé, hôte inclus ). Mais ceci n'est nullement une règle exclusive et on peut trouver des nobedan un peu partout tout au long du roji.
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Quelques exemples d'utilisation de tobiishi, de haut en bas :
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motif sô / éléments sô
- motif shin / élements shin
- motif sô / éléments gyô.
dernière photo : exemple de nobedan, composé d'éléments gyô, selon un motif shin. |
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